Dans un podcast de Quanta Magazine, Yejin Choi, professeure d'informatique à l'université de Washington, a eu une conversation approfondie avec l'animateur Steven Strogatz sur l'intelligence artificielle. Ils ont exploré la question de savoir si l'IA doit nécessairement posséder un corps et des émotions pour développer un bon sens commun comparable à celui des humains.

Pendant des décennies, les informaticiens ont rêvé de créer des ordinateurs capables de manifester une intelligence de type humain. Aujourd'hui, avec la popularisation d'internet, l'émergence d'énormes ensembles de données textuelles et l'amélioration significative de la puissance de calcul, nous semblons être au seuil de la réalisation de ce rêve.

Les LLM (grands modèles linguistiques) ont déjà montré des signes d'intelligence se rapprochant de celle des humains. Non seulement leurs capacités linguistiques se sont considérablement améliorées, mais ils sont aussi capables de combiner des compétences de manière implicite pour développer de nouvelles aptitudes.

Un professeur robot, un cours de robot

Source : Image générée par IA, fournisseur de services d'autorisation d'images : Midjourney

La professeure Choi souligne que, bien que les LLM puissent fournir des réponses surprenantes, ils ne font en réalité que mimer la sagesse partagée par les humains sur internet. Ces modèles génèrent des textes qui semblent nouveaux, sans être des copies littérales, en lisant de vastes quantités de texte et en prédisant le mot suivant.

Cependant, le processus d'entraînement des LLM diffère radicalement de la façon dont les humains comprennent le monde. Nous apprenons par le biais de cours et de curiosité, en essayant de vraiment comprendre le monde. Les LLM, quant à eux, apprennent en prédisant le mot suivant ; cette méthode, bien que simple, produit des résultats puissants.

Le bon sens est naturel pour les humains, mais représente un défi de taille pour l'IA. Par exemple, ChatGPT a déjà donné des réponses erronées à des questions sur le séchage du linge. Cela révèle les lacunes de l'IA en matière de compréhension des notions élémentaires de bon sens.

Le laboratoire de la professeure Choi étudie comment enseigner le bon sens à l'IA, notamment en imitant les « cent mille pourquoi » des enfants. En fournissant un ensemble de connaissances déclaratives, les réseaux neuronaux peuvent apprendre et généraliser rapidement.

Quant à la question de savoir si l'IA doit posséder un corps et une position sociale pour développer le bon sens, la professeure Choi affirme que l'interface purement linguistique de l'IA actuelle permet déjà d'accomplir de nombreuses tâches. Elle estime qu'il ne faut pas créer des robots dotés de véritables émotions, mais plutôt que l'IA devrait posséder de l'intelligence émotionnelle et de la conscience, afin d'interagir avec les humains de manière agréable et inoffensive.

Le cours de « bon sens » de l'IA est un voyage semé d'embûches. Bien que les LLM aient fait des progrès remarquables dans l'imitation du langage humain, il reste encore un long chemin à parcourir pour que l'IA comprenne vraiment le monde. Avec le développement des technologies et l'approfondissement des recherches, nous espérons que l'IA pourra communiquer et interagir avec nous de manière plus humaine.

Références : https://www.quantamagazine.org/will-ai-ever-have-common-sense-20240718/