La start-up londonienne Basecamp Research a récemment levé 60 millions de dollars pour développer un assistant IA biologique révolutionnaire. Ce projet vise non seulement à répondre à toutes les questions relatives à la biologie et à la biodiversité du monde naturel, mais aussi à générer des idées nouvelles inaccessibles à l'homme seul, ouvrant ainsi la voie à des percées révolutionnaires dans le domaine des biotechnologies.

Glen Gowers, co-fondateur et PDG de Basecamp Research, souligne le manque considérable de données pour l'entraînement des modèles biologiques actuels. Même les plus grandes sociétés pharmaceutiques mondiales peinent à former des modèles capables de couvrir la complexité du monde naturel. Ce constat met en lumière l'importance et l'impact potentiel du projet de Basecamp Research.

Tissu protéique biologique

Source : Image générée par IA, fournisseur : Midjourney

L'entreprise connaît une croissance fulgurante. Selon Gowers, Basecamp Research a établi des partenariats avec plus de 100 organisations dans 25 pays pour enrichir sa base de données d'informations brutes. Environ 15 de ces organisations utilisent déjà sa technologie IA pour développer de nouveaux produits. Par exemple, Procter & Gamble utilise ces modèles pour concevoir des enzymes permettant de créer des détergents efficaces à basse température, tandis que Colorifix travaille sur de nouvelles formules de teintures textiles plus durables.

Plus impressionnant encore, Basecamp Research affirme que son modèle de base, BaseFold, surpasse AlphaFold2 de DeepMind (récemment récompensé par un prix Nobel de chimie) dans la prédiction précise de la structure de grandes protéines complexes et des interactions entre petites molécules. Cette affirmation témoigne de la puissance technologique de Basecamp Research.

Basecamp Research adopte une approche ambitieuse pour construire son IA biologique : construire le modèle à partir de zéro. Les fondateurs, Glen Gowers et Oliver Vince, sont tous deux docteurs en biologie et collaborent depuis leurs études de premier cycle à Oxford. Le nom de l'entreprise, « Basecamp Research », provient de leur expérience de vie sur une calotte glaciaire, où ils effectuaient le séquençage de l'ADN avec du matériel artisanal.

Vince explique qu'ils ont créé le premier laboratoire mobile de séquençage de l'ADN et ont adapté certains composants de ce matériel en unités plus petites pour collecter des données pour la start-up. Cet esprit d'innovation et cette expérience pratique ont jeté les bases solides de Basecamp Research.

Bien que le domaine de la biologie ait accumulé une quantité considérable de résultats de recherche et de données, une grande partie de ces données sont obsolètes, mal structurées ou incohérentes. Basecamp Research construit donc ses modèles en collectant des données brutes de première main. Son objectif est de développer un système IA capable de comprendre la biologie plus profondément que n'importe quel humain, grâce à sa capacité à traiter et à analyser des quantités massives de données.

Gowers explique qu'ils combinent des explorations (visites de sources chaudes, volcans, etc. à travers le monde) avec des programmes d'IA axés sur l'entraînement de grands modèles linguistiques, créant en substance un « ChatGPT du monde naturel ». L'entreprise a également mis en place ce qui est probablement le plus grand cluster de calcul dédié à la recherche sur le monde naturel.

À l'instar de ChatGPT, qui excelle dans la mémorisation et la construction de réponses en langage naturel, l'IA de Basecamp Research possède cette capacité. La différence réside dans le fait que notre connaissance de la biodiversité mondiale se limite à environ 1 %, et que nous sommes actuellement incapables de poser les bonnes questions. Comme le dit l'investisseur Andy Conrad, ancien PDG de Google Verily Life Sciences, la plateforme de Basecamp Research permet de « répondre à des questions que l'industrie biopharmaceutique ne sait pas encore qu'elle doit poser ».

Gowers précise que sa plateforme comprend non seulement le langage textuel ou vocal, mais aussi le langage de l'ADN et de la biologie, ce qui lui permet de dépasser les capacités humaines en matière de conception biologique. Traditionnellement, les humains ont des limites dans leur compréhension de l'ADN, tandis que ces modèles linguistiques, s'ils disposent de suffisamment de données, peuvent exceller dans ce domaine.

Ce tour de financement de série B a été mené par la société européenne Singular. Basecamp Research a également annoncé un partenariat pluriannuel avec le Dr David R. Liu et le Broad Institute du MIT et de Harvard. L'entreprise prévoit d'utiliser ces fonds pour poursuivre l'élargissement de ses collaborations avec d'autres organisations biomédicales et de recherche, et pour collecter davantage de données afin d'améliorer ses modèles.

Les projets futurs de Basecamp Research incluent l'assistance aux organisations dans la découverte de médicaments et d'autres défis importants liés à la compréhension et à une meilleure utilisation du monde naturel. Actuellement, le laboratoire dirigé par le Dr Liu étudie de « nouvelles protéines de fusion et autres macromolécules » utilisées pour créer des médicaments génétiques, et utilise les ensembles de données de Basecamp Research pour développer ces molécules.

Il est à noter que Basecamp Research privilégie actuellement les activités B2B plutôt que le développement de produits destinés au grand public. Cette stratégie semble être celle adoptée par d'autres entreprises qui construisent de grands modèles « scientifiques », comme Jua, qui construit de grands modèles physiques et s'adresse initialement aux organisations ayant besoin d'une meilleure compréhension des modèles météorologiques.

Bien que Basecamp Research n'ait pas révélé sa valorisation précise, elle indique que ce tour de financement de série B est un tour de croissance. L'entreprise a jusqu'à présent levé 85 millions de dollars, les investisseurs précédents étant Hummingbird, True Ventures et l'investisseur stratégique Valo. Selon PitchBook, la société était valorisée 71 millions de dollars en 2022.

Ce tour de financement a également attiré la participation d'investisseurs de renom tels que S32, redalpine, André Hoffmann (vice-président du conseil d'administration de Roche), Feike Sijbesma (président du conseil d'administration de Royal Philips et ancien PDG de DSM) et Paul Polman (ancien PDG d'Unilever).